Tonton Clarinette - Nick Stone

Publié le par Leon K.

Série Noire – Gallimard

A la recherche de l'oeuvre rare dans les rayons de la médiathèque municipale, mon oreille fut attirée par le titre de ce thriller... je collais aussitôt la seconde oreille à la quatrième de couverture et, la mélodie se jouant dans le Haïti envahi par les troupes étasuniennes venues déstituer Aristide, je me laissai embarquer.

Les premières notes du prologue : « Max Mingus était un flic recyclé en détective privé. Il avait une spécialité, les personnes disparues, et un talent naturel pour les retrouver. Beaucoup le considéraient comme le meilleur... » là, normalement, j'aurais dû m'arrêter, cette base rythmique nous l'avons déjà entendue mille fois... mais j'ai l'oreille docile, j'ai écouté la suite : « - du moins, tel avait été leur avis jusqu'au 17 avril 1989, date à laquelle il avait commencé à purger une peine de sept ans de réclusion pour homicide au pénitencier de Rikers Island, et où il s'était vu retirer sa licence à vie »... une variation qui pouvait ouvrir vers des accords faciles : vengeance, autodéfense, justicier solitaire et impitoyable... mais le tambour haïtien continuait à faire retentir sa pulsation envoûtante et malgré les formules faciles et les métaphores convenues j'ai écouté Max me jouer « à la recherche de Charlie »...

Le fil de l'intrigue fluide et sans reliefs particuliers s'agrémente de solos haïtiens édifiants autour de thèmes nouveaux dans le thriller : Papa Doc, Baby Doc, les tontons macoutes, le vaudou, la magie noire, la misère, la détresse, l'exploitation, la survie. Ces petits éclats nous retiennent et tant pis si on n'entre pas dans le tempo de l'enquête improbable d'un privé américain, tout juste sorti de prison, dans un pays qu'il ne connaît pas, dont il ne parle pas la langue, au milieu du chaos d'une invasion militaire, sur les traces d'un enfant disparu depuis des années...

Le coup de théâtre final ne rendra pas l'enquête plus plausible mais on écoute sans désagrément, jusqu'au bout de leur set, le trio Max Mingus, Charlie et Tonton Clarinette... même si on n'entend jamais de contrebasse.

Publié dans LeKtures

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